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À cause de la crise sanitaire, nous vivons des circonstances exceptionnelles. Des changements sont intervenus dans nombre de nos comportements habituels.

Est né au sein de la population l’espoir d’une modification de notre style de vie, même si tous ne s’accordent pas sur ce qui doit ou peut changer.

Un des domaines où le changement est souhaité par de nombreux citoyens c’est celui de la mobilité.

Une association de défense des cyclistes, le GRACQ, a fait parvenir au Collège le 27 avril 2020 un mémorandum visant à proposer aux piétons d’une part, aux cyclistes d’autre part une partie de l’espace public délaissé par les voitures. La presse en a fait état.

Les pouvoirs publics vont créer 40 kilomètres de pistes cyclables nouvelles et temporaires à Bruxelles. À Liège, c’est 35 kilomètres de pistes cyclables qui vont être mises en place.

A ce jour, la ville de Mons n’a pris aucune initiative quelconque en la matière et cela suscite chez nous de l’étonnement autant que de la déception.

Quelques constats d’abord.

Le trafic routier a chuté dans les proportions considérables en raison du confinement et de l’arrêt de la plupart des activités économiques.

Si notre pays a pris le chemin du retour au travail, il subsiste des risques sanitaires. Un accord équilibré est intervenu dans le secteur des transports en commun. Il en résultera une diminution de l’offre de transport (puisque le nombre de place est limité) et partant un risque de ne pouvoir satisfaire toutes les demandes, spécialement lorsque les portes des écoles vont rouvrir.

Nos concitoyens ont pris conscience des bénéfices secondaires de la diminution du trafic routier pour la qualité de l’air. Signe du destin peut-être, le confinement a coïncidé avec d’importantes périodes d’ensoleillement et le réveil de la nature après l’hiver. Le printemps et bientôt l’été sont des périodes propices pour la pratique du vélo.

Il était donc possible et souhaitable de rendre de l’espace public aux piétons, d’élargir les trottoirs pour permettre de respecter les distances requises et par ailleurs de proposer, quand c’était possible, un nouvel espace pour ceux qui ne disposent pas de jardins.

Il s’agissait d’autre part d’aménager des pistes cyclables temporaires en confisquant une partie de l’espace libéré par la voiture. C’est assez simple à réaliser sur tous les axes qui donnent accès au centre-ville lorsqu’il y a, dans chaque sens, deux bandes de circulation. Une de celles-ci peut être dédicacée aux cyclistes. La collaboration du SPW compétent ne devait pas poser de problème, à en juger par les déclarations du Gouvernement wallon. La solution pour temporaire qu’elle soit aurait marqué les esprits et on aurait pu en espérer un changement de mentalité au sein de la population et peut-être aussi chez les décideurs politiques.

Pourquoi le Collège n’a-t-il pris aucune initiative ?

Est-il besoin de rappeler les effets positifs de la pratique du vélo pour la santé, la qualité de l’air, les rapports humains ? Et vous l’observerez : on enfourche son vélo exactement comme on monte en voiture c’est-à-dire à l’heure qui vous convient et de même, à la condition de pouvoir circuler en toute sécurité, comme un automobiliste, le cycliste va où il veut.

A la condition de pouvoir circuler en toute sécurité, avons-nous précisé. Nous y reviendrons car malheureusement la condition n’est pas remplie.

Nous voulons d’abord élever quelque peu le niveau de réflexion que nous vous proposons.

Depuis sa création, « Mons en Mieux » s’interroge sur les limites de notre modèle de mobilité.

La voiture a certes apporté des progrès considérables. Chacun est libre de se déplacer quand et où il veut. Mais le modèle qui privilégie la voiture en toutes circonstances, au point de lui dédicacer l’essentiel des budgets publics de travaux, doit faire l’objet d’une évaluation réaliste.

On n’a plus vraiment le sentiment d’être libre quand on est immobilisé dans les embouteillages. On n’est pas en sécurité quand on est coincé sur l’autoroute entre deux camions. Et l’on perd beaucoup de temps et d’énergie quand il faut passer une heure en voiture pour accomplir un trajet qui auparavant prenait quelques minutes. Le trafic routier génère des problèmes de pollution.

Nous plaçons un espoir de changement dans les progrès de la technologie. Les parkings de dissuasion connaîtront le succès le jour nous pourrons y déposer la voiture pour gagner les centres urbains au moyen de transports automatisés, efficaces et agréables mais de tels projets coûtent cher et nous n’en bénéficierons pas dans notre ville dans un avenir immédiat.

Il ne faut pas opposer progrès technologique et mobilité douce. L’exemple donné par les pays nordiques, où la mobilité douce est conjuguée avec des transports en commun plus modernes, démontre l’intérêt majeur d’une modification de notre mode de vie.

Nous devons adapter notre modèle de mobilité.

Il faut insister sur les conditions d’un changement véritable.

Si la pratique du vélo comme moyen de transport vers le lieu de travail ou vers les écoles est chez nous purement anecdotique alors que dans d’autres régions d’Europe, le vélo représente une part considérable des déplacements, cela est dû à deux facteurs. Nous avons omis de rassurer et de communiquer.

Rassurer ça signifie en tout premier lieu prendre conscience qu’une piste cyclable implique un site propre. Utiliser un marquage au sol pour délimiter une piste cyclable sur la voie publique ce n’est pas de nature à rassurer les cyclistes qui risquent leur vie si voitures ou camions font un écart vers eux. C’est même un procédé coupable car les cyclistes qui n’ont pas conscience du danger ne sont pas moins exposés que les autres.

Pour dire les choses autrement, le nombre de kilomètres de pistes cyclables dignes de ce nom, dans l’entité montoise, n’a pas grand-chose à voir avec les chiffres cités par la majorité.

Rassurer cela signifie aussi réduire la vitesse des voitures (et/ou faire respecter les limitations de vitesse) dans tous les lieux, tel que le centre-ville, où cyclistes et automobilistes partagent l’espace public.

La sécurité, c’est l’exigence numéro un.

Ce qui importe tout autant c’est communiquer. Il faut mettre en place une communication adéquate à la mesure des enjeux. Il faut éduquer, informer, faciliter l’achat de vélos, installer des parkings pour vélos, proposer des solutions contre le vol, donner l’exemple, éditer des brochures d’information. Et mille autres choses encore.

Mille c’est peut-être beaucoup pour la majorité PS-ECOLO.

Les circonstances actuelles fournissent une occasion exceptionnelle d’initier les changements nécessaires et de communiquer sur l’intérêt d’un changement de comportement en matière de mobilité. Nous souhaitons savoir pourquoi la majorité ne fait rien et si elle a quelque chose à proposer car le reproche qui vous est fait est assurément très lourd.

Françoise COLINIA, François COLLETTE & Guillaume SOUPART